Petites centrales hydroélectriques : Hydro-Québec tente d'endiguer des pertes de centaines de millions $
MONTRÉAL, le 24 août 2015 /CNW Telbec/ - Près de quatre ans après les premières dénonciations de la Fondation Rivières[i], Hydro-Québec vient de remporter une très importante bataille face à des producteurs privés : une décision d'arbitrage vient en effet de refuser la reconduction de très coûteux contrats d'achat d'électricité signés au cours des années 90[ii]. Cette décision donne raison à la Fondation Rivières pour qu'Hydro-Québec n'ait pas à payer à fort prix cette électricité. Alors que les producteurs veulent le maintien d'un prix basé sur une indexation automatique de 3 % par année pour les 20 prochaines années. Ce prix indexé atteint déjà 8,6 cents/kWh en 2015.
Ainsi, sur 20 ans, cette situation occasionnerait des pertes de près de 2 milliards de dollars pour les 64 contrats inventoriés par la Fondation Rivières, dont 34 contrats sont déjà échus. Il est prévu que ces contrats soient renouvelés pour un autre 20 ans. Or, rien n'indique qu'Hydro-Québec paie le juste coût en attendant la fin du litige qui a débuté il y a près de quatre ans. Ces retards dans l'application de la décision causent actuellement des pertes que la Fondation a évalué à 70 millions de dollars par année en 2013.
Le calcul d'un juste prix doit prendre en considération que les coûts de construction de ces centrales avant 1995 ont été amortis et que les producteurs n'ont essentiellement qu'à assumer les coûts d'exploitation. On sait déjà qu'Hydro-Québec n'a pas besoin des 393 mégawatts de puissance totale provenant de ces 64 centrales. De plus, dans sa gestion, Hydro-Québec doit assumer les coûts pour le transport, la distribution, le support en puissance et l'équilibrage du réseau. Ainsi, la Fondation Rivières estime que le coût maximal à payer devrait être établi à 3 cents/kWh pour la production, un tarif semblable au tarif patrimonial des grands ouvrages d'Hydro-Québec.
« En tenant compte des coûts indirects assumés par Hydro-Québec, on s'attend à ce que la Société d'État paie un tarif de 1,8 à 3,5 cents/kWh, et non plus du double » indique l'ingénieur Réal Reid, chercheur retraité de l'IREQ d'Hydro-Québec.
La population n'a pas à assumer de telles pertes et subir une hausse de facture. Un prix supérieur consenti constituerait autant de profits injustifiés aux producteurs, souvent d'origine étrangère, alors que le gouvernement réduit ses budgets dans ses services en période dite d'austérité.
D'autre part, la Fondation Rivières demande le non-renouvellement des contrats des centrales qui causent un tort à l'environnement et à ses riverains et demande la démolition des barrages destructeurs. Et qu'une inspection environnementale soit réalisée dans tous les cas. Catherine Huard, directrice générale, revendique du gouvernement qu'il mette un terme à cette hémorragie économique. Elle mentionne entre autre que plusieurs centrales causent des dommages importants (inondation de résidences à Sainte-Brigitte-des-Saults), des assèchements de rivières (Saint-Hyacinthe), des disparitions de terrains causées par l'érosion (Notre-Dame-du-Laus et Rimouski). Déjà en 1997 le rapport de la Commission d'enquête Doyon dénonçait les projets autorisés en contournement des lois et le fait que les municipalités n'obtenaient aucun revenu de taxation de ces promoteurs, indépendamment des dommages causés à l'environnement.
Le site www.fondationrivieres.org présente la liste des contrats, les rivières touchées et les prix payés.
La Fondation Rivières est un organisme à but non lucratif dont la mission est d'œuvrer à la préservation, la restauration et la mise en valeur du caractère naturel des rivières - tout autant que de la qualité de l'eau.
i Lettre au ministre des Finances Raymond Bachand, le 7 février 2012 et communiqué de presse le 11 février 2012.
ii La Presse+, Les petits producteurs perdent une bataille contre Hydro, Maxime Bergeron, 20 août 2015.
SOURCE Fondation Rivières
Catherine Huard, directrice générale, 514 272-2666
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