Plan B du Canada en cas de ralentissement : dépenses d'infrastructure plutôt que réduction des taux English
TORONTO, le 30 juill. 2012 /CNW/ - L'accroissement des dépenses publiques en infrastructures plutôt que la réduction des taux d'intérêt pourrait constituer la meilleure voie à suivre pour le Canada en cas de ralentissement économique au cours de la prochaine année, peut-on lire dans un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
« Le plan B du Canada ne peut se fonder sur la politique monétaire puisque les taux sont déjà très bas », souligne Avery Shenfeld, économiste en chef, dans le plus récent rapport Economic Insights de la Banque CIBC. « Si la conjoncture mondiale devait se détériorer de manière significative, le fait d'emprunter plus, particulièrement au niveau fédéral, et d'augmenter les dépenses dans les projets d'infrastructure » pourrait avoir pour effet de « réduire les déficits futurs et ce faisant d'améliorer la croissance ».
Pour comprendre le calcul sur lequel se fonde cette stratégie, il suffit d'observer les taux des obligations à 30 ans du gouvernement qui sont actuellement inférieurs au taux de croissance économique à long terme du Canada. Cela signifie que le coût de financement de la dette à long terme en proportion du PIB diminuera constamment au fil des ans. « Les dépenses d'infrastructure qui rehaussent la capacité de production de l'économie accroîtront les recettes fiscales, ce qui permettra de compenser les coûts de financement supplémentaires », explique M. Shenfeld.
Dans d'autres cas, le calcul est encore plus simple, ajoute-t-il. « Certains projets, comme les autoroutes à péage et les projets énergétiques, génèrent pour les gouvernements des revenus directs qui peuvent plus que compenser les coûts de financement ajustés au risque. Au Canada, nombre de projets sont à l'étude dans le secteur de l'énergie, dont certains sont liés à des sociétés publiques de services collectifs où le gouvernement joue un rôle par son financement. La chute des taux d'intérêt rend ces projets encore plus attrayants, et il pourrait être encore plus important de les mettre en branle si l'économie ralentit. »
Pour d'autres raisons, le fait d'emprunter et de dépenser de façon ciblée en matière d'infrastructures serait plus avantageux que de réduire les taux en cas de choc économique, peut-on lire dans le rapport. « Essayer de générer plus de croissance avec le logement et les dépenses de consommation financées par des emprunts en réduisant les taux a pour effet d'augmenter les risques à long terme d'excès dans ces deux domaines », explique M. Shenfeld.
Selon le rapport, les gouvernements canadiens, particulièrement au niveau fédéral, disposent également d'une « marge de manœuvre importante » pour ce qui est d'augmenter les emprunts et les dépenses s'il leur faut stimuler la croissance. « Partout au Canada, les gouvernements améliorent leur situation budgétaire en remplaçant les titres d'emprunt parvenus à échéance par des obligations à coupons d'intérêt moins élevés », mentionnent M. Shenfeld et Warren Lovely, stratège des questions gouvernementales. La baisse des taux d'intérêt depuis 2007 a permis d'économiser 25 milliards de dollars sur les frais de service de la dette pour l'année en cours.
Les coûts d'emprunt sont une fois de plus inférieurs à ce qui avait été prévu au moment du dépôt du budget. « Les taux peu élevés qui ont cours actuellement pourraient permettre aux gouvernements fédéral et provinciaux de réaliser des économies combinées supplémentaires de deux à trois milliards de dollars sur les taux d'intérêt pour l'exercice 2012-2013 par rapport à leurs plans budgétaires », affirment MM. Shenfeld et Lovely. Cette situation, conjuguée à d'autres régulateurs budgétaires comme les provisions pour les dépenses imprévues et les réserves pour les prévisions qui ne s'avèrent pas, donne un peu plus de latitude aux gouvernements par rapport à leurs budgets du printemps.
M. Shenfeld émet cependant une mise en garde, à savoir que les avantages d'un accroissement des emprunts servant à financer un plus grand nombre de projets d'infrastructure ne pourraient se réaliser que si la période de ralentissement économique se prolonge. Dans le cas contraire, le fait d'augmenter l'activité dans le secteur de la construction ne servirait qu'à accélérer l'échéancier des hausses d'intérêt de la Banque du Canada et à mettre sur la touche les projets de construction dans le privé. Pour le moment, M. Shenfeld continue d'avoir bon espoir que les décideurs de l'Europe et des États-Unis en feront assez pour améliorer la conjoncture mondiale sans qu'il soit nécessaire ici de prendre des mesures de détente monétaire ou de relance budgétaire.
Cela étant dit, il est peu probable que la croissance sera suffisamment robuste pour que la Banque du Canada doive augmenter les taux d'intérêt au cours de la prochaine année. La Banque du Canada s'attend à ce qu'une augmentation des dépenses en immobilisations stimule la croissance en général en 2013, mais Peter Buchanan et Emanuella Enenajor, deux économistes de la Banque CIBC, soulignent dans le rapport que « le grondement de l'explosion des investissements des entreprises a plutôt sonné comme un gémissement au cours des derniers trimestres, ces investissements n'ayant représenté qu'une petite partie de la contribution au PIB qui leur était associée précédemment dans la reprise. »
Selon eux, il « ne s'agit peut-être pas seulement d'une baisse passagère, car tant au pays qu'à l'étranger, des facteurs économiques défavorables contribuent à dissuader les entreprises d'augmenter leurs dépenses en immobilisations de manière importante. »
On peut consulter la version intégrale du rapport de Marchés Mondiaux CIBC à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eijul12.pdf.
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SOURCE : Marchés Mondiaux CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, 416 594-7356, [email protected]; Tom Wallis, Communications et affaires publiques, 416 980-4048, [email protected]
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