Point sur la situation économique et financière du Québec - DES ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX À RECADRER
MONTRÉAL, le 1er déc. 2022 /CNW Telbec/ - La mise à jour économique qui sera déposée le 8 décembre prochain sera la première intervention du nouveau gouvernement en termes de finances publiques et par le fait même, l'occasion de mettre en œuvre ou du moins, de préciser, les différentes promesses faites lors de la campagne électorale.
« Or, la situation économique s'est détériorée depuis l'annonce de ces engagements, précise Emna Braham, directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ). Le gouvernement, qui a fait campagne alors que la priorité économique était l'inflation, entame son mandat avec la perspective d'un ralentissement comme enjeu principal. Si bien qu'il se retrouve dans une situation délicate où il souhaite à la fois mettre en place son "bouclier anti-inflation" et stimuler la croissance économique. Un contexte dans lequel la prudence s'impose comme le soulève une analyse que nous publions aujourd'hui. » En particulier, le Québec doit maintenir la discipline budgétaire qui lui a permis de réduire sa dette et de se donner une marge de manœuvre pour faire face à la pandémie.
Avec une inflation plus coriace qu'anticipée en début d'année et pour conséquence, une inévitable hausse des taux d'intérêt pour la contrer, l'économie québécoise a ralenti et cette tendance devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres. Ainsi, la prévision du cadre financier de la CAQ qui tablait en août dernier sur une croissance du PIB réel de 1,7 % en 2023 semble bien optimiste au vu des prévisions actuelles qui se chiffrent plutôt à 0,4 %.
« Au-delà du ralentissement économique, il faut aussi tenir compte du climat d'incertitude dans lequel on navigue, relève Simon Savard, économiste principal à l'IDQ, la détérioration de la confiance des consommateurs et la hausse accélérée des taux d'intérêt et ses effets sur les finances des ménages sont autant d'éléments de risques qui pourraient aggraver ou prolonger le ralentissement prévu et, augmenter d'autant les déficits gouvernementaux ».
Ainsi, le gouvernement caquiste se retrouve devant une situation financière bien plus difficile qu'à son arrivée au pouvoir en 2018. Afin de faire face à ce ralentissement, mais aussi aux choix à venir, il s'avère donc important de planifier le retour à l'équilibre budgétaire. Rappelons que, comme lors de la crise financière de 2008, la Loi sur l'équilibre budgétaire a été suspendue pendant la pandémie en 2021. Bien que nécessaire lors de la crise sanitaire, ce report illustre aussi la nécessité de moderniser la Loi afin que le retour à l'équilibre budgétaire ne soit pas seul tributaire d'une décision politique. La durée du plan de résorption pourrait être associée à la restauration de la vigueur économique. Auquel cas, ce retour pourrait être encadré par des indicateurs comme la croissance du PIB réel ou le taux d'emploi lorsqu'ils auraient atteint une fourchette-cible.
Lors de la dernière campagne électorale, la CAQ s'est engagée à réduire la contribution au Fonds des générations (FDG) de 8 G$ sur quatre ans afin de financer une baisse d'impôt sur le revenu des travailleurs québécois. D'autres partis politiques ont aussi proposé d'utiliser à d'autres fins ces sommes qui, rappelons-le, sont destinées à réduire l'endettement gouvernemental. Mais comme le Québec est sur le point d'atteindre les cibles d'endettement qu'il s'était fixé et ce, en avance sur le calendrier prévu, la tentation est actuellement forte de puiser dans cette cagnotte pour faire face à d'autres enjeux - pouvoir d'achat, investissement dans les infrastructures, changements climatiques - auxquels le Québec est confronté.
Reste que le choix de réduire les versements dédiés à la réduction de la dette pour une consommation immédiate par le biais d'une baisse d'impôt va à l'encontre de l'esprit d'équité intergénérationnelle de la loi sur la réduction de la dette qui vise à remettre aux générations futures les revenus perçus sur des ressources non renouvelables.
« Il est toutefois encore possible pour le gouvernement du Québec d'honorer sa promesse électorale tout en préservant les principes essentiels du FDG, soutient Emna Braham. Pour ce faire, il faudrait d'abord définir une nouvelle cible d'endettement qui devrait être annoncée en 2023, présenter un plan de réduction de la dette pour atteindre cet objectif et, enfin proposer un plan de réallocation des fonds actuellement dédiés au FDG selon des paramètres clairs et en lien avec le plan de réduction de la dette. »
Si on ne définit pas au préalable des paramètres entourant un changement aux versements, le risque est grand de créer un précédent voulant qu'on se serve à même les économies mises de côté pour rembourser la dette. Cette pratique viendrait non seulement réduire l'équité entre les générations mais affecterait l'excellente crédibilité du Québec sur les marchés financiers tout en le privant d'une forme de financement à faible coût.
Téléchargez le rapport Mise à jour économique et financière du gouvernement du Québec :
Le contexte économique exige des ajustements
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