Postes vacants - 2e trimestre 2021 - La pénurie de main d'œuvre s'accentue au Québec, particulièrement en santé
MONTRÉAL, le 21 sept. 2021 /CNW Telbec/ - Le nombre de postes vacants a bondi de 38,2 % au Québec en deux ans, soit entre le deuxième trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 20211. Statistique Canada, dans sa plus récente Enquête sur les postes vacants, dénombre 194 145 postes à combler, ce qui représente une hausse de 53 725.
Par ailleurs, le taux de postes vacants au Québec, - un bon indicateur de la demande de travail non satisfaite, - s'est quant à lui accru de 1,5 point de pourcentage pour s'établir à 5,3 % au cours de cette même période. Il s'agit du plus haut taux enregistré depuis le début de la collecte de données en 2015 et du deuxième plus haut taux au Canada après celui de la Colombie-Britannique.
Cette hausse s'explique à la fois par l'augmentation du nombre de postes vacants et la baisse de l'emploi salarié. Par contre, dans les soins de santé et l'assistance sociale, le nombre de postes vacants a progressé de 69,3 % en deux ans, alors que l'emploi salarié a varié positivement de 11,9 %.
« Le phénomène de rareté de la main-d'œuvre est particulièrement criant dans le secteur de la santé et de l'assistance sociale, analyse Mia Homsy, présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ). Ces données peu encourageantes laissent entrevoir que les employeurs peineront à recruter de la main-d'œuvre qualifiée pour répondre à la hausse des besoins en santé. De plus, 73,8 % des postes à pourvoir en santé l'étaient depuis 90 jours ou plus contre 28,7 % pour l'ensemble des postes vacants dans le marché du travail québécois. Notons que l'industrie des soins de santé et l'assistance sociale (qui regroupe bien plus que les seules professions de la santé) compte 32 145 postes à pourvoir et un taux de postes vacants de 5,8 %. »
Dans le secteur de la santé, le nombre de postes vacants qui se situe à 20 630, a bondi de 7 990 en deux ans.
Cette hausse se reflète dans toutes les professions du secteur :
- Le personnel professionnel en soins infirmiers est définitivement la plus affectée, avec 6 905 postes vacants, et la plus forte hausse enregistrée, soit 3 985. Rappelons que le gouvernement québécois estime actuellement à 4 000 le nombre de postes d'infirmières à pourvoir au Québec, un nombre bien inférieur à celui dévoilé par la présente enquête;
- Le personnel professionnel des soins de santé tel que les médecins compte 1 920 postes vacants pour une hausse de 985;
- Le personnel technique tel que les infirmières auxiliaires compte 5 360 postes vacants pour une hausse de 2 870;
- Le personnel de soutien tel que les aides-infirmières compte 6 445 postes vacants pour une hausse de 2 825 postes.
Quatre autres industries ont particulièrement été touchées par la hausse des postes vacants :
- Le secteur de la fabrication compte 25 330 postes vacants, ce qui représente une hausse de 5 935 en deux ans. Le taux de postes vacants est passé de 4,2 % à 5,6 %.
- La construction a enregistré également une forte hausse (+3 740) pour s'établir à 12 700 postes vacants. Le taux de postes vacants est passé de 4,4 % à 5,6 %.
- Le commerce de gros et le commerce de détail comptent respectivement 9 600 et 22 715 postes à pourvoir. Leurs taux de postes vacants sont passés respectivement 3,1 % à 5,3% et de 3,6 % à 5,0 %.
- Finalement, les services professionnels, scientifiques et techniques sont particulièrement affectés, avec une hausse de 53,4 % en deux ans, passant de 10 615 postes vacants à 16 285. Ainsi, le taux de postes vacants a grimpé de 4,7 % à 6,4 % malgré une croissance de l'emploi salarié dans ce secteur de 11,5 %, signe que l'offre ne suffit pas à combler la très forte demande.
« Avec 1,5 chômeur par poste vacant, le marché du travail québécois demeure extrêmement serré et ce, malgré la pandémie, constate Mia Homsy. Dans les soins de santé et l'assistance sociale, ce ratio s'établit à 0,2, ce qui signifie qu'il y a nettement moins de personnes disponibles pour travailler que de postes à pouvoir. Le bassin de travailleurs disponibles est limité, et particulièrement dans ce secteur d'activité, ce qui fera en sorte que les engagements des gouvernements de créer des emplois dans les professions de la santé constituera un réel défi. »
Les secteurs de la fabrication (0,8) et de la construction (1,1) comptent également moins de chômeurs par poste vacant que la moyenne québécoise (1,5) mais d'autres enjeux de mobilité de la main-d'œuvre pourraient être en cause, notamment la question des salaires et celle des barrières institutionnelles. Néanmoins, on observe une certaine accélération dans la croissance du salaire horaire offert en moyenne dans l'ensemble des postes vacants. Ce dernier s'est accru de 9,8 % du deuxième trimestre de 2019 au deuxième trimestre de 2021, alors que les hausses des années précédentes se situaient entre 3,8 % et 4,8 %.
Avec la réouverture importante de l'économie au troisième trimestre de 2021, on pourrait s'attendre à ce que les entreprises affichent davantage de postes vacants au cours des prochains mois. Selon les données de l'Enquête canadienne sur la situation des entreprises, ce sont 11,1 % des entreprises québécoises qui anticipent une hausse des postes vacants. Alors que les pressions sur les soins de santé s'intensifient, la simple volonté de créer de nouveaux emplois ne suffira pas à combler les besoins réels et immédiats.
Pour en savoir plus
Téléchargez la note d'analyse LE BOND DES POSTES VACANTS AU QUÉBEC MONTRE QUE LA PÉNURIE DE MAIN D'ŒUVRE S'ACCENTUE, PARTICULIÈREMENT EN SANTÉ (disponible sous peu sur institutduquebec.ca).
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1 L'enquête a été suspendue lors des 2e et 3e trimestres de 2020.
SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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