Projet de loi 69 sur l'Énergie : le seuil proposé de 100 MW sur les droits à la puissance hydraulique menace plus de 100 rivières au Québec
MONTRÉAL, le 19 nov. 2024 /CNW/ - Le Projet de loi 69 sur l'Énergie permettra à la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, d'autoriser des projets de centrales hydroélectriques privées sur des rivières jusqu'à concurrence d'une puissance de 100 mégawatts. Plus de 100 rivières au Québec, dont les rivières Gatineau, Kipawa, Rouge, Matawin, Bonaventure et Mistassini, auraient ainsi le potentiel d'être soumises à des projets de centrales au fil de l'eau, révèle un inventaire réalisé par la Fondation Rivières à partir des données disponibles publiquement.
Le Projet de loi 69 hausse le seuil des droits à la puissance hydraulique de 50 à 100 MW, ce qui rendrait possible la réalisation de deux projets de centrales au fil de l'eau sur les rivières Kipawa (70 MW) et Gatineau (103 MW). Le premier projet viendrait assécher la rivière qui traverse le parc national d'Opémican et le second mettrait fin aux activités récréotouristiques sur cette rivière qui attire des milliers de kayakistes et de canoteurs chaque année.
Contrairement aux grandes centrales hydroélectriques à réservoir qui peuvent produire à pleine capacité en hiver, les centrales au fil de l'eau détournent l'eau dans des canalisations qui alimentent une centrale. Elles produisent beaucoup durant les crues du printemps et de l'automne, mais très peu en hiver, lorsque les besoins d'Hydro-Québec sont les plus grands. Cette modification n'a pas été demandée par Hydro-Québec et elle ne répond pas aux besoins du Québec durant les 100 à 300 heures de la période de pointe en hiver.
« Ces projets ne répondent à aucun besoin, sinon celui d'enrichir quelques promoteurs privés et de fournir des revenus marginaux d'appoint à des MRC et à des promoteurs autochtones. Rappelons-nous la Commission d'enquête sur l'achat d'électricité auprès des producteurs privés présidée par le juge Doyon en 1997 qui a fait état de nombreux dérapages dans l'attribution de contrats à des producteurs de tout acabit, avec très peu de contrôles gouvernementaux, sans compétition sur les prix et avec des conditions très lucratives qui le demeurent encore aujourd'hui, 20 ans plus tard », rappelle André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
Ne pas augmenter le seuil d'attribution de nouveaux droits hydrauliques
La Fondation Rivières appelle à une révision immédiate du Projet de loi 69 et demande à la ministre de l'Énergie, Christine Fréchette, de protéger nos rivières en empêchant la construction de centrales hydroélectriques privées. Compte tenu de la contribution négligeable des petites centrales privées à l'atteinte des besoins de puissance d'Hydro-Québec, l'augmentation du seuil d'attribution de nouveaux droits hydrauliques à 100 MW doit être retirée du Projet de loi 69.
Plus de 700 personnes ont déjà fait part de la même demande dans une lettre envoyée à la ministre Christine Fréchette.
L'inventaire réalisé par la Fondation Rivières présente le débit, le dénivelé, le potentiel théorique et le potentiel constaté, tels que évalués par Hydro-Québec et rendus publics en 1995 dans le cadre d'une consultation présidée par Alban D'Amours. Ces chiffres sont représentatifs du potentiel des rivières et n'ont jamais été contredits par Hydro-Québec.
Carte et tableau des rivières menacées : https://bit.ly/4eBCm6l
SOURCE Fondation Rivières
Source : Samuel Sauvageau-Audet, Chargé des communications numériques, Fondation Rivières, 514 272-2666, poste 306, [email protected]
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