Qualité du marché du travail au Québec : L'embellie actuelle sera-t-elle durable ?
MONTRÉAL, le 18 juin 2019 /CNW Telbec/ - À l'heure où le taux de chômage atteint un creux historique, où certains postes vacants peinent déjà à être comblés et où le raz-de-marée technologique s'amorce, une question s'impose : le marché du travail québécois saura-t-il relever les défis qui le guettent ? Dans son nouveau Diagnostic de la qualité du marché du travail du Québec dévoilé aujourd'hui, l'Institut du Québec (IDQ) offre des outils d'analyse mieux adaptés aux nouvelles préoccupations et qui vont bien au-delà des enjeux strictement économiques. Ainsi, l'IDQ propose de suivre un large éventail d'indicateurs pour mesurer la performance économique du marché du travail, mais aussi pour évaluer sa capacité d'inclusion, sa durabilité et sa résilience à plus long terme.
« Les outils dont nous disposons pour analyser la situation sont plus utiles pour comprendre le passé que pour se préparer au futur, soutient Mia Homsy, directrice générale de l'IDQ. À la vitesse où les changements technologiques surviennent et où la population vieillit, nous n'avons plus le luxe d'attendre que la tempête soit passée avant d'en étudier les impacts. Il faut regarder vers l'avant… et rapidement. » C'est dans un tel contexte que BMO a approché l'IDQ pour concevoir un nouvel outil d'analyse prospectif qui jette non seulement un regard économique sur le marché du travail, mais aussi social et environnemental.
« Cet instrument novateur vise à mieux cibler les forces et les faiblesses du Québec afin d'agir comme levier de changement à court et moyen terme, mobiliser les décideurs de notre société et ainsi, planifier plus adéquatement notre avenir collectif », ajoute Claude Gagnon, président, Opérations Québec, BMO Groupe financier.
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Les forces :
- Le marché du travail québécois connaît actuellement une forte embellie. Le taux d'emploi chez la population généralement active (25-54 ans) est particulièrement élevé et le nombre de travailleurs à temps partiel involontaire baisse constamment.
- Par ailleurs, les salaires, le nombre d'emplois bien rémunérés et le pouvoir d'achat des travailleurs se sont aussi accrus au cours des dernières années. Toutefois, bien que l'on puisse enfin observer une hausse du nombre d'emplois offrant des salaires excédant 25 $ de l'heure, cette progression n'aura permis au Québec que d'effectuer un certain rattrapage face à l'Ontario.
- La participation au marché du travail des femmes, des jeunes, des immigrants, et des travailleurs expérimentés (60-69 ans) continue de s'améliorer.
- Très encourageants, ces signes témoignent d'une grande résilience du marché du travail face au vieillissement de la population.
Les défis :
- Alors que les Québécoises - surtout les mères de famille - se démarquent à l'échelle internationale pour leur grande participation au marché du travail, le Québec accuse toujours du retard en matière d'intégration en emploi des immigrants nouvellement arrivés (cinq ans et moins) et des travailleurs expérimentés (60-69 ans).
- De plus, si le Québec ne parvient pas à accroître la compétitivité de sa main-d'œuvre, les bons résultats observés en 2018 risquent d'être éphémères. Tant pour la productivité du travail que pour les coûts unitaires de main-d'œuvre, non seulement le Québec performe moins bien que l'Ontario, mais l'écart entre les deux provinces s'est accentué au cours des dernières années.
- Les tensions montent : le bassin de travailleurs potentiels - soit les 15-64 ans - a cessé de croître au Québec. Alors que ce groupe poursuit sa croissance dans la métropole, il décline progressivement dans le reste du Québec depuis 2014. Ce clivage entre Montréal et le reste du Québec se traduit par des besoins de main-d'œuvre très inégaux d'une région à l'autre. Chaudière-Appalaches, la Capitale-Nationale et l'Abitibi-Témiscamingue comptent parmi les régions les plus affectées. La tension est également plus forte dans certains secteurs comme ceux de la santé et des sciences naturelles et appliquées.
- Avec l'accélération des changements technologiques, la formation - initiale et continue - et le développement des compétences (surtout de base en littératie et numératie) deviendront de plus en plus essentiels pour assurer la résilience des travailleurs. Or, malgré les récents efforts, le Québec se classe toujours au dernier rang du classement des provinces canadiennes en matière de diplomation au niveau secondaire et l'écart continue de se creuser avec l'Ontario quant à l'obtention des diplômes d'études collégiales et universitaires.
Sérieux manque de données et de priorisation
Bien que les discours des deux paliers gouvernementaux soient fortement axés sur l'importance de mieux intégrer en emploi les personnes autochtones et celles vivant avec une incapacité, il n'existe actuellement peu ou pas de données fiables qui soient mises à jour assez régulièrement pour en mesurer l'évolution avec précision. Comme leur intégration en emploi s'avère importante à notre économie, il nous apparaît essentiel de remédier à cette situation.
Même constat du côté de la formation continue : même si les gouvernements y investissent d'importantes ressources, force est d'admettre que les données disponibles ne permettent pas de brosser un portrait clair et convaincant de la réalité. Non seulement il est difficile d'en suivre l'évolution, mais il devient carrément impossible d'en mesurer les retombées.
Enfin, établir des priorités s'avère primordial dans un contexte où la demande de travailleurs surpasse l'offre. « C'est pourquoi il nous apparaît essentiel de cibler certains secteurs ou professions jugés plus stratégiques pour le Québec et de tout mettre en œuvre pour y atténuer les impacts néfastes du manque de main-d'œuvre », affirme Mia Homsy. « Cette réflexion doit d'ailleurs se faire tant au niveau de l'offre de services à la population que du développement économique », surenchérit Claude Gagnon. Mais comment alors éclairer le débat lorsque l'on fait face à un sérieux manque de données et de priorisation des besoins ? Bien que certains ministères aient documenté ces questions, il existe encore peu d'information publique, ce qui limite la portée des actions entreprises.
Pour en savoir plus :
- Rapport-synthèse - Diagnostic de la qualité du marché du travail du Québec;
- Rapport complet - Diagnostic de la qualité du marché du travail du Québec
À propos de l'Institut du Québec
Issu d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l'Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. http://www.institutduquebec.ca
À propos de BMO Groupe financier
Depuis plus de 200 ans et toujours là pour ses clients, BMO est un fournisseur de services financiers hautement diversifiés - la huitième banque en importance pour son actif en Amérique du Nord. Fort d'un actif de 830 milliards de dollars au 30 avril 2019 et d'une équipe d'employés polyvalents et très motivés, BMO offre à plus de 12 millions de clients une vaste gamme de produits et de services dans les domaines des services bancaires aux particuliers et aux entreprises, de la gestion de patrimoine et des services de banque d'affaires. Les activités de BMO Groupe financier sont réparties entre trois groupes d'exploitation : Services bancaires Particuliers et entreprises, BMO Gestion de patrimoine et BMO Marchés des capitaux.
SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, IDQ, 514 649-2347, [email protected]; Marie-Catherine Noël, Responsable des relations avec les médias, BMO, 514 877-8224, [email protected]
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