Renforcement de la Loi sur le tabac - Le CQTS réclame des mesures accrues pour mieux protéger la population de la fumée de tabac secondaire
QUÉBEC, le 3 sept. 2015 /CNW Telbec/ - C'est ce matin que le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) a réclamé l'inclusion de règles plus rigoureuses relativement à la fumée secondaire dans Loi sur le tabac, devant la Commission de la santé et des services sociaux qui étudie le projet de loi 44. Le CQTS a fait entendre James L. Repace, biophysicien, qui a démontré qu'aucune demi-mesure ne saurait protéger efficacement les personnes qui sont exposées à la fumée de tabac secondaire, notamment sur les terrasses publiques.
La fumée de tabac secondaire comporte plus de 7000 produits chimiques, dont près de 70 sont cancérigènes. L'expert américain a établi que la suggestion de l'Union des tenanciers de bars du Québec, consistant à prévoir une section fumeurs et une section non-fumeurs sur les terrasses avec une zone tampon d'au moins 1,5 m, ne repose sur aucune base scientifique. « Sur une terrasse comptant six tables de fumeurs, en moyenne 48 cigarettes sont fumées chaque heure, soit huit cigarettes en même temps », explique M. Repace. « Sous certaines conditions, un épais nuage nocif flotterait sur la section non-fumeur avant de se dissiper. Même une distance de 13 m entre les deux sections ne serait pas suffisante pour protéger les non-fumeurs de la fumée du tabac. »
Plus de 16 200 serveurs non-fumeurs courent des risques inutiles
Le scientifique de renommée internationale s'inquiète aussi des effets qu'aurait une telle disposition sur la santé des employés des bars et des restaurants. « Selon Statistique Canada, il y a 47 500 serveurs au Québec et on peut évaluer qu'au moins la moitié d'entre eux sont non-fumeurs. La Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec estime que 70 % des établissements de ses membres ont des terrasses, ce qui signifie que près de 70 % des serveurs travaillent sur les terrasses. Par conséquent, pas moins de 16 225 serveurs non-fumeurs sont exposés de longues heures à la fumée secondaire et, de ce nombre, on peut prévoir que 55 en mourront si on n'interdit pas de fumer sur les terrasses. »
Pour James L. Repace, la seule façon de protéger les non-fumeurs et les employés des bars et des restaurants est l'interdiction totale de fumer sur les terrasses publiques, comme le prévoit le projet de loi 44. « Dans le cas des terrasses, des recherches indiquent que la pollution causée par la fumée secondaire est parfois de 5 à 20 fois plus élevée que celle causée par les véhicules dans des rues très passantes, même en pleine heure de pointe. »
Cette mesure recueille l'aval d'une bonne partie de la population. Selon un récent sondage Léger, 71 % des Québécois sont d'accord pour qu'on interdise de fumer sur les terrasses, 91 % soutiennent l'interdiction de fumer dans une voiture en présence d'enfants de moins de 16 ans, tandis que 87 % sont favorables à une interdiction de fumer sur les terrains de jeuxi. « Le gouvernement dispose d'un appui solide pour aller de l'avant avec une loi audacieuse », a fait observer Mario Bujold, directeur général du CQTS.
Le CQTS demande des amendements
Bien que le projet de loi propose des améliorations substantielles pour protéger la santé de la population, Mario Bujold croit que celui-ci peut être bonifié pour faire en sorte que le Québec redevienne un leader mondial en matière de lutte contre le tabagisme. Dans son mémoire, le CQTS demande plusieurs amendements, dont les suivants :
- Étendre l'interdiction de fumer aux terrains de jeux pour enfants, ainsi qu'aux terrains des cégeps et universités.
- Interdire de fumer en tout temps sur les terrains des écoles primaires et secondaires, ainsi que dans les garderies en milieu familial.
- Interdire les fumoirs dans les centres jeunesse, les départements ou unités psychiatriques des hôpitaux et les centres de réadaptation.
- Standardiser les mises en garde sur les paquets par voie réglementaire à la suite de l'adoption du projet de loi 44.
La gang allumée demande une loi plus sévère
Présente à la commission parlementaire, Sophie-Rose Desgagnés, 14 ans, leader du mouvement La gang allumée pour la région Chaudière-Appalaches a remis une pétition, signée par plus de 1000 personnes, qui appuie le projet de loi 44 et demande notamment au gouvernement d'interdire de fumer dans les parcs et les terrains de jeux afin de mieux protéger les jeunes de la fumée de tabac secondaire et éviter que l'usage de la cigarette ne leur paraisse normal. « Moi, et les milliers d'ados qui font partie du mouvement La gang allumée au Québec, on poursuit un grand rêve, celui de réaliser une première génération sans tabac d'ici dix ans », dit-elle. « Pour nous, la prochaine Loi sur le tabac ne sera jamais trop sévère. »
Et Mario Bujold de conclure : « Une réforme législative qui intègre les meilleures connaissances scientifiques est urgente pour protéger la santé des Québécois. Nous espérons que la Commission maintiendra toutes les mesures du projet de loi 44 et y ajoutera les amendements proposés dans notre mémoire afin de le bonifier. Nous souhaitons aussi que ce projet de loi soit adopté dans les plus brefs délais. Ainsi, nous pourrons progresser résolument vers un Québec sans tabac. »
À propos du CQTS
Vers un Québec sans tabac est la mission du Conseil québécois sur le tabac et la santé qui œuvre depuis 39 ans à mobiliser les intervenants de divers milieux afin de réduire et de prévenir la consommation de tabac dans notre province. Cet organisme à but non lucratif coordonne plusieurs programmes de prévention et d'abandon du tabagisme en milieu scolaire, dans les entreprises et auprès de la population, ainsi que des campagnes sociétales de promotion de la santé. Son programme La gang allumée regroupe des milliers de jeunes de 11 à 17 ans, non-fumeurs et fumeurs, qui agissent ensemble pour promouvoir une Génération sans tabac.
M. James Repace et M. Mario Bujold seront disponibles pour entrevues à 10 h 30, après leurs témoignages à l'Assemblée nationale du Québec, qui auront lieu à la salle des Premiers-Ministres, de l'édifice Pamphile-Le May.
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i Perceptions des Québécois à l'égard de mesures pour le contrôle du tabac, Léger, juillet 2015 (Sondage réalisé pour le compte de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac).
SOURCE Conseil québécois sur le tabac et la santé
Pour compléments d'information ou entrevues : Claire Harvey, Agente de communication et relations médias, 514 912-8454 (cell.)
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