Retrait du Conseil de presse - Quebecor refuse l'autoréglementation
Nouvelles fournies par
FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC30 juin, 2010, 17:16 ET
MONTRÉAL, le 30 juin /CNW Telbec/ - Quebecor a annoncé son retrait du Conseil de presse du Québec, mercredi, en laissant planer des menaces de poursuites judiciaires contre le Conseil si celui-ci en venait à nuire aux intérêts du groupe de presse. Quebecor somme le Conseil d'arrêter d'examiner les pratiques journalistiques du Journal de Québec et du Journal de Montréal, indiquant du coup qu'il ne collaborera plus à l'examen des plaintes qui les concernent.
Par ce coup de force, Quebecor provoque une nouvelle crise de légitimité au Conseil de presse, après le retrait, en décembre dernier, des médias électroniques privés (Corus, Astral, TVA, Radio Nord Communications, RDS, TQS et MétéoMédia). Le résultat immédiat du geste de Quebecor est de soustraire deux autres médias, parmi les plus importants au Québec, à tout mécanisme de reddition de compte et d'examen impartial de leurs pratiques journalistiques.
Mécontent de quelques jugements récents qui ont blâmé ses journaux, Quebecor affirme que les décisions du Conseil sont pauvrement étayées et "arbitraires". La FPJQ estime que ce n'est pas en claquant la porte qu'il sera possible d'améliorer, si cela est nécessaire, la qualité et l'uniformité des décisions rendues par l'organisme tripartite. Les journaux Quebecor, dont les représentants successifs n'ont assisté qu'à UN seul comité des plaintes depuis le 24 mai 2002, sont mal placés pour juger des décisions auxquels ils ont refusé de participer.
Ce retrait unilatéral cache un problème beaucoup plus profond. À quelles normes éthiques et déontologiques les journaux de Quebecor ont-ils l'intention de souscrire? Quebecor ne précise pas, noir sur blanc, ses intentions. Le groupe ne s'est pas doté du moindre mécanisme crédible pour recevoir et traiter, de manière indépendante, les plaintes du public.
En se retirant du Conseil, Quebecor enlève aux citoyens un recours simple et accessible, parfois le seul recours dont ils disposent, pour tenir ses journaux imputables de quelconque manquement à l'éthique et à la déontologie. En effet, la grande majorité des fautes en journalisme ne peuvent trouver réparation devant les tribunaux. Un reportage déséquilibré, par exemple, peut constituer une faute déontologique mais ce n'est certainement pas une faute au sens légal. Dans de tels cas, seul le Conseil de presse est en mesure de trancher la question.
Les normes déontologiques qui fondent les décisions du Conseil font consensus parmi les autres entreprises de presse et dans le milieu journalistique, ce qui inclut les journalistes de Quebecor, qui sont parfois mal à l'aise avec certaines directives qu'on leur donne. C'est en effet le Conseil au complet, dans toutes ses composantes, qui a voté les normes consignées dans un texte intitulé "Droits et responsabilités de la presse". Certes, des jugements particuliers peuvent être discutables, comme ceux de n'importe quel tribunal peuvent l'être. Ces critiques n'empêchent pourtant pas les bons citoyens de reconnaître l'autorité des tribunaux plutôt que de chercher à s'y soustraire quand ils perdent leur cause.
Les reproches adressés au Conseil par Quebecor peuvent se discuter sereinement quand on croit à l'autoréglementation de la presse. La politique de la chaise vide n'est pas une solution, c'est un camouflet. Dans le contexte, les raisons de Quebecor sont des prétextes gonflés pour donner une apparence de rationalité à sa décision. Quebecor entend imposer sa propre loi et la concentration excessive de la presse, permise et encouragée par les gouvernements, lui en donne les moyens.
La FPJQ croit toujours au double mandat du Conseil de presse (audition des plaintes et interventions centrées sur l'éthique journalistique), et à sa mission. La FPJQ et des associations de médias ont fondé le Conseil en 1973 et elle en est membre constitutif.
La FPJQ demande à Quebecor de respecter ses engagements comme membre du Conseil en particulier celui qui oblige les membres à donner un préavis d'un an avant de se retirer du Conseil et de mettre à profit cette période pour en arriver à une solution qui serve l'intérêt public.
Renseignements: Brian Myles, président, 514 262-2860; FPJQ: 514 522-6142
Partager cet article