Journée mondiale sans tabac: L'industrie du tabac instrumentalise la contrebande pour s'opposer aux mesures de contrôle du tabac
MONTRÉAL, le 28 mai 2015 /CNW Telbec/ - Chaque année, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne la Journée mondiale sans tabac (JMST) le 31 mai. Cette année, le thème de cette journée est la contrebande du tabac, en vue de « mettre fin au commerce illicite des produits du tabac », d'« illustrer la façon dont l'industrie du tabac a joué un rôle dans le commerce illicite des produits du tabac » et de « promouvoir la ratification du protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac ».
Les groupes de santé reconnaissent la problématique de la contrebande et y travaillent depuis longtemps, en proposant de nombreuses mesures structurantes pour lutter contre celle-ci -- dont plusieurs ont été instaurées au Québec. « Nous savons qu'il est non seulement possible mais également nécessaire de lutter simultanément contre le tabagisme et la contrebande. Il est ridicule d'utiliser l'un comme prétexte pour ralentir le combat contre l'autre, or c'est précisément cette approche que prône l'industrie du tabac, » explique Dre Geneviève Bois, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
À l'occasion de cette JMST, la Coalition tient à souligner qu'au Québec, comme ailleurs dans le monde, l'industrie instrumentalise l'enjeu de la contrebande afin de refroidir la volonté politique antitabac et bloquer l'adoption de mesures efficaces de réduction du tabagisme. « Peu importe la mesure, le cri d'alarme est toujours le même. Interdiction des étalages? Contrebande! Augmentation des taxes? Contrebande! Mises en garde de santé? Contrebande! Mais comme toutes les prédictions catastrophiques mises de l'avant par les cigarettiers au fil des ans - par exemple, la menace d'émeutes au travail suite à l'interdiction de fumer, celle de la fin des festivals suite à l'interdiction de la commandite et d'autres hypothèses aussi saugrenues - elles ne se matérialisent tout simplement pas. »
En effet, aussitôt déposé le projet de loi de la ministre déléguée à la Santé publique, madame Lucie Charlebois, l'industrie s'est empressée à nouveau de brandir la menace de la contrebande pour s'opposer à l'interdiction du menthol (qui fait partie de l'interdiction de l'aromatisation contenue dans la législation). « La supposée préoccupation des cigarettiers à l'égard de la contrebande est décidément suspecte, » poursuit la porte-parole, « notamment à la lumière de la culpabilité avouée des trois principaux fabricants au pays en lien avec leur implication dans la contrebande dans les années 90, » soient Imperial Tobacco, Rothmans, Benson & Hedges et JTI-Macdonald.
À cette époque, les cigarettiers utilisaient le phénomène de la contrebande pour faire pression sur les gouvernements afin qu'ils baissent les taxes sur le tabac. La baisse radicale des taxes qui en a été le résultat s'est faite aux grands dépens de la santé publique (des chercheurs de Santé Canada ont calculé que la décision de baisser les taxes aurait provoqué 40 000 décès supplémentaires attribuables au tabagisme). La décision des gouvernements était d'autant plus malavisée puisqu'en plus de faire augmenter le tabagisme, les baisses de taxes réduisent les revenus gouvernementaux sans pour autant être une méthode efficace de lutte à la contrebande.
La sensibilisation des élus à l'égard de cette tactique et d'autres du genre est une des responsabilités de l'État découlant de la Convention-cadre de l'OMS sur la lutte antitabac, un traité international qui lie aussi le Québec. Plus précisément, les directives d'application concernant l'influence de l'industrie recommandent aux parties d'« informer et éduquer tous les secteurs de l'État … [des] stratégies et tactiques que cette dernière utilise pour s'ingérer dans l'élaboration et l'application des politiques de santé publique concernant la lutte antitabac ».
« L'industrie du tabac et ses alliés tentent sans relâche d'induire les décideurs politiques en erreur quant aux causes et aux solutions en lien avec le problème du tabagisme au Québec », souligne Dre Bois. « Il n'y a pas de doute qu'ils continueront à réciter le même laïus tout au long de l'été, lors de l'examen du projet de loi 44 par la Commission de la Santé et jusqu'à son adoption par l'Assemblée nationale. Nous espérons donc que l'ensemble des parlementaires seront conscientisés face aux véritables bénéficiaires de l'argument centré uniquement sur la contrebande, et prendront celui-ci avec un grain de sel… voire même avec la salière au complet! »
Fondée en 1996, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac représente quelque 470 organisations québécoises -- associations médicales, ordres professionnels, municipalités, hôpitaux, écoles, commissions scolaires, etc. -- qui appuient une série de mesures destinées à réduire le tabagisme et ses conséquences. Ses principaux objectifs incluent: prévenir l'initiation au tabagisme, favoriser l'abandon, protéger les non-fumeurs contre la fumée secondaire et obtenir un cadre législatif qui reflète la nature néfaste et toxicomanogène du tabac. »
Pour le communiqué au complet, avec de nombreuses vignettes explicatives, voir :
http://www.cqct.qc.ca/Communiques_docs/2015/PRSS_15_05_28_JourneeMondialeSansTabac_Contrebande.pdf
Parmi les thèmes de ces vignettes :
- les liens entre détaillants et contrebande;
- la contrebande comme épouvantail;
- le Protocole international anti-contrebande de l'OMS;
- le marché de la contrebande au Québec;
- la contrebande et les jeunes; et
- quelques faits saillants sur le tabac.
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Dre Geneviève Bois, porte-parole, CQCT, 514-598-5533, 514-602-2508 (cell.)
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