La paix sociale n'est pas menacée par l'interdiction de fumer sur les terrasses
MONTRÉAL, le 24 juill. 2015 /CNW Telbec/ - Contrairement à ce qu'affirment certains porte-parole de propriétaires de bars, la paix sociale n'est nullement menacée par les modifications proposées à Loi sur le tabac, notamment l'interdiction de fumer sur les terrasses publiques. En effet, l'appui à cette mesure longtemps attendue était de 63 % à l'été 2013, alors qu'il est évalué par un nouveau sondage Léger à 71 % pour 2015. Il s'agit sans aucun doute d'une augmentation significative qui démontre l'appui grandissant de la population pour les mesures visant à protéger davantage le public de la fumée de tabac secondaire (FTS).
Le sondage vient donc appuyer le projet de loi 44, déposé à l'Assemblée nationale le 5 mai dernier par la ministre déléguée à la Santé publique, madame Lucie Charlebois, qui étend l'interdiction de fumer aux terrasses des restaurants et des bars. L'étude détaillée du projet de loi par la Commission de la santé et des services sociaux débutera le 18 août prochain.
Il est particulièrement intéressant de constater que l'appui populaire actuel pour l'interdiction de fumer sur les terrasses extérieures (71 %) est maintenant plus élevé que celui en faveur de l'interdiction de fumer à l'intérieur de ces établissements (63 %) en août 2004, soit quelques mois avant le dépôt en 2005 du projet de loi 112 sur le tabac du Dr Philippe Couillard (alors ministre de la Santé) qui a introduit cette mesure.
Malgré l'appui de la majorité de la population, l'interdiction de fumer sur les terrasses publiques fait l'objet d'importantes pressions visant à bloquer son adoption de la part d'au moins trois associations de bars et de tavernes. L'une d'elles, le groupe de Peter Sergakis (l'Union des tenanciers de bars du Québec), tente même de se substituer à la communauté scientifique pour « démontrer » que la fumée secondaire à l'extérieur n'engendrerait pas de risques pour la santé.
Dénis et alarmisme, comme en 2005
« On dirait qu'on reproduit le même débat qui s'est tenu au milieu des années 2000, alors que les groupes de santé souhaitaient interdire de fumer à l'intérieur des restaurants et des bars. Les tenanciers de bar prétendaient alors que les risques de la fumée secondaire n'étaient pas sérieux et que la mesure n'était pas justifiée », commente Dre Geneviève Bois, porte-parole de la Coalition. « Depuis ce temps, la science a poursuivi son chemin et il est maintenant démontré hors de tout doute que la fumée secondaire peut également atteindre des niveaux dangereux dans certains lieux extérieurs, comme les terrasses des restaurants et des bars. Or, aujourd'hui, on nous sert encore le même déni. »
« C'étaient surtout les propriétaires de bars qui s'opposaient en 2005 à l'interdiction de fumer à l'intérieur de leurs établissements, prédisant toutes sortes de catastrophes économiques. Toutefois, certains de ces mêmes commerçants ont concédé que le "drame économique" appréhendé ne s'est jamais produit, l'année 2006 n'affichant pas plus de fermetures de bars comparativement aux années antérieures. Ironiquement, ce sont les mêmes associations qui prophétisent aujourd'hui de nouveau la perte de clients et de la "paix sociale" entre les fumeurs et les non-fumeurs si le gouvernement va de l'avant avec l'interdiction de fumer sur leurs terrasses », précise Geneviève Berteau, analyste des politiques en santé de la division québécoise de la Société canadienne du cancer. « Mais la question la plus importante dans tout ce débat demeure la santé des employées et de la clientèle. »
Véritables risques
« Il serait facile de croire que la fumée dans les lieux extérieurs se dissipe tout simplement et ne cause pas de problèmes, mais dans les faits, il en va tout autrement. En général, la fumée s'élève un peu, mais tend à redescendre sans nécessairement se diffuser. Avec une certaine densité de fumeurs et en fonction des conditions météorologiques, cela peut rapidement créer un environnement malsain. Une analyse récente des particules fines dans l'air de plusieurs terrasses extérieures de Montréal, y compris celles de la partie fermée à la circulation automobile de la rue Saint-Catherine, a montré que quelques cigarettes peuvent générer des concentrations de particules fines atteignant des niveaux comparables aux pires journées de smog à Los Angeles ou à celles obtenues à Kelowna (C.-B.) lorsque des feux de forêt ravageaient la région, » explique Dr Fernand Turcotte, professeur émérite en santé publique à l'Université Laval.
« Quand on est en présence d'une substance cancérogène en milieu de travail, la pratique correcte qui s'impose, selon toutes les autorités de santé publique, c'est de viser une exposition zéro. Dans les usines, on va même jusqu'à modifier les procédés de fabrication, sous peine d'arrêter la production jusqu'à ce que soit éliminé le risque. Pourquoi les normes seraient-elles plus laxistes lorsque la population générale est exposée aux mêmes cancérogènes? La clientèle qui fréquente les terrasses de bars et de restaurants comprend des enfants, des bébés, des vieillards, des personnes asthmatiques - sans oublier les employés qui y travaillent pendant des heures. Ne méritent-ils pas la même protection que les travailleurs d'usines? » demande le Dr Turcotte.
« Les terrasses ne sont pas des fumoirs extérieurs créés pour accommoder les fumeurs. Elles font partie de la vie estivale des villes et villages du Québec, et tout le monde devrait pouvoir en profiter sans être exposé à la fumée de tabac. Les employés de ces commerces, tout particulièrement, méritent d'être protégés des substances toxiques de la fumée secondaire, qu'ils travaillent à l'intérieur ou l'extérieur. Sachant que sept Québécois sur dix souhaitent l'interdiction de fumer dans ces lieux, dont 80 % des non-fumeurs, les cris d'alarme venant des tenanciers de bars ne semblent pas, comme par le passé, être fondés sur la réalité », conclut Dre Bois, la porte-parole de la Coalition.
* Pour voir le communiqué au complet, avec toutes les références pertinentes, voir :
http://cqct.qc.ca/Communiques_docs/2015/PRSS_15_07_24_Sondage_FTS_Terrasses.pdf
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Exposition des Québécois à la FTS dans les lieux publics |
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Dangers de la FTS à l'extérieur |
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Précédents |
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Impacts économiques |
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SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Entrevues : Dre Geneviève Bois, porte-parole de la CQCT, 514-602-2508 (cell.) ; Madame Geneviève Berteau, analyste à la SCC-DivQc, 514-255-5151 ; Dr Fernand Turcotte, professeur émérite en santé publique, 514-389-1240
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