Le tabac taxe les finances publiques, taxons le tabac!
MONTRÉAL, le 18 mars 2015 /CNW Telbec/ - La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac recommande au ministre des Finances Carlos Leitão une série de mesures fiscales qui pourraient contribuer à la lutte contre le tabagisme au Québec, notamment en lien avec le prochain budget. Celles-ci demandent
- d'augmenter la taxe provinciale sur le tabac;
- d'indexer annuellement la taxe provinciale sur le tabac;
- d'instaurer la tarification de la vente et de la mise en marché du tabac;
- de bonifier les budgets alloués à la lutte au tabagisme;
- de maintenir le budget consacré à la lutte contre la contrebande.
(Pour consulter les recommandations de la Coalition, voir :
http://cqct.qc.ca/Documents_docs/DOCU_2015/MEMO_15_03_17_Recommandations_MinFinances_2015.pdf
Hausse de la taxe sur le tabac
« La marge de manœuvre pour augmenter la taxe sur le tabac au Québec est énorme : nous avons les cigarettes les moins chères au Canada, à cause du niveau de taxation largement inférieur aux autres provinces et territoires, » explique Dre Geneviève Bois, porte-parole de la Coalition. La Coalition, qui représente 470 organisations en matière de lutte contre le tabagisme, recommande une hausse minimum de 5 $ la cartouche de 200 cigarettes, ce qui permettrait au Québec de rejoindre et très légèrement dépasser le niveau de taxation de l'Ontario, la province ayant le deuxième taux de taxation le plus bas. « Éventuellement, le Québec devrait augmenter le niveau de taxation pour atteindre le seuil minimal recommandé par l'OMS, ce qui nécessiterait une hausse de 16 $, ou rattraper la moyenne des autres provinces canadiennes, ce qui nécessiterait une hausse de 20 $. Des hausses pourraient bien sûr se faire en plusieurs augmentations successives. »
La Coalition estime qu'une hausse de 5 $ engendrerait des revenus supplémentaires récurrents de l'ordre de 150 millions $ par année pour l'État québécois, en plus de résulter en 20 000 fumeurs en moins en se basant sur un indice d'élasticité de -0,46, soit celui qui est typiquement mesuré par diverses études économiques dont celle de la Banque mondiale.
« Il est important de souligner que c'est en 2013, après plusieurs années de stagnation, que le taux de tabagisme au Québec a enfin baissé de façon significative, » ajoute Dre Bois. « Bien qu'il soit nécessaire de s'assurer avec plus de recul que cette tendance se maintient, il est digne de mention que la première hausse de taxes en près de 10 ans ait été suivie d'une baisse significative, proportionnellement à ce qui était prévu par le Ministère et, ce, malgré le contexte de stagnation qui l'a précédé. »
Indexation de la taxe sur le tabac
Afin de contrer le problème de l'érosion de l'impact des taxes dans le temps en fonction de l'inflation, la Coalition recommande d'instaurer une politique d'indexation automatique annuelle de la taxe provinciale sur le tabac. Celle-ci pourrait prendre effet le 1er janvier, qui est aussi le premier jour de la résolution la plus populaire de la nouvelle année: cesser de fumer.
La consommation de tabac est positivement corrélée avec la hausse des revenus de la population. Au Québec, le tabac était plus abordable en janvier 2015 qu'elle ne l'était en janvier 2004 (si l'on considère la portion du prix du tabac constituée de taxes); ainsi, afin de maintenir la valeur « réelle » de la taxe provinciale (soit celle au moment de son introduction), la Coalition propose que le gouvernement indexe la taxe chaque année, suivant la recommandation de l'Organisation mondiale de la Santé ainsi que les directives d'application de sa Convention-cadre pour la lutte antitabac.
La contrebande : un phénomène bien contrôlé
Il faudra s'attendre à des cris d'alarme venant de l'industrie du tabac et de certains détaillants si le gouvernement procède à une hausse de taxes : ces derniers répéteront que toute hausse de taxes « causera » de la contrebande. Or, l'expérience récente du Québec, de même que nombreuses études scientifiques, démontrent que les mesures de lutte contre la contrebande sont efficaces même lorsque les taxes augmentent. En effet, selon le ministère des Finances, les produits de contrebande représentaient un peu plus du tiers du marché en 2008; depuis 2011, cette proportion a diminué à 15 % puis 14 % depuis. De plus, l'ancien ministre des Finances, Nicolas Marceau, confirmait en janvier 2014 que la contrebande se maintenait toujours à ce niveau, malgré une hausse de taxes en novembre 2012.
Tarification pour la vente et la mise en marché du tabac
Il est important de souligner que ce sont les consommateurs qui paient les taxes sur le tabac, et non l'industrie du tabac. L'industrie et le réseau de vente du tabac ne sont peu ou pas mis à contribution quant au financement du système d'encadrement du commerce du tabac. D'autres juridictions à travers le Canada et de par le monde ont instauré des systèmes de tarification afin de rendre les compagnies responsables d'une part des coûts d'encadrement et de programmes de lutte au tabagisme qu'elles engendrent. En ne faisant pas de même, le Québec se prive ainsi d'importants revenus, revenus qui pourraient servir à financer la lutte contre le tabac à un niveau plus optimal, en plus d'être une source bienvenue de revenus en général. « Le coût de l'élaboration et de la mise en œuvre des politiques nécessaires à l'encadrement du tabac devrait être assumé par les commerçants qui œuvrent dans le domaine des produits mortels du tabac, et non par les citoyens ou les fumeurs qui sont eux-mêmes victimes d'une dépendance délibérément orchestrée, » commente Dre Bois.
Pour plus d'information sur les diverses manières d'imposer de telles tarifications, basées sur des précédents tirés d'autres juridictions, voir « Tarification de la mise en marché, de la distribution et de la vente du tabac au Québec » au http://cqct.qc.ca/Documents_docs/DOCU_2013/MEMO_13_03_25_Tarification.pdf.
« En tant que ministre des Finances, monsieur Leitão peut contribuer positivement à la santé de la population et au désengorgement du système de santé tout en améliorant les finances publiques. Chaque baisse de 1 % du taux de tabagisme se traduit par des économies annuelles et récurrentes de 41 millions $ en soins de santé. Les investissements dans la lutte contre le tabac sont extrêmement rentables, » conclut Dre Bois.
Pour voir le communiqué au complet, avec graphique et références :
http://cqct.qc.ca/Communiques_docs/2015/PRSS_15_13_18_Recommandations_MinFinances_2015.pdf
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Source et entrevues : Dre Geneviève Bois, porteparole CQCT, 5146022508 (cell.)
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