L'Ontario interdit de fumer sur les terrasses publiques et dans les terrains de jeux pour enfants
MONTRÉAL, le 7 nov. 2014 /CNW Telbec/ - Le gouvernement de l'Ontario a annoncé ce matin plusieurs nouvelles mesures de contrôle du tabac, dont plusieurs mesures importantes de protection contre la fumée secondaire. Dorénavant, les terrasses et patios des restaurants et des bars, les terrains de jeux pour enfants et tous les terrains sports publics seront des zones où il est interdit de fumer. De plus, il sera aussi interdit de vendre des produits du tabac sur les campus des établissements d'éducation postsecondaire.
Cette nouvelle règlementation place l'Ontario à l'avant-plan des juridictions canadiennes qui priorisent la protection de la population et des jeunes contre les méfaits de la fumée secondaire. Le Manitoba interdit déjà de fumer dans les terrains de jeux pour enfants depuis l'an dernier et certaines villes font de même. Au Québec, il est généralement permis de fumer dans ces lieux.
« Nous nous réjouissons pour nos voisins ontariens, dont le gouvernement a manifestement été sensibilisé à la gravité des risques de la fumée secondaire et qui de toute évidence prend le problème du tabagisme au sérieux. Depuis quelques années maintenant, les chercheurs spécialisés en qualité de l'air ont démontré que même dans certains lieux extérieurs, les concentrations de particules fines atteignent des niveaux dangereux pour la santé lorsqu'on y permet l'usage du tabac. Il est donc nécessaire d'avoir une règlementation pour certains lieux extérieurs aussi » précise la docteure Geneviève Bois, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
Patios et terrasses publics
En ce qui concerne les commerces comportant des patios et terrasses extérieurs, « il n'y pas de justification pour protéger seulement les employés qui travaillent à l'intérieur de ces lieux et non ceux qui travaillent à l'extérieur. La fumée secondaire constitue un réel risque pour la santé des employés et des clients. »
Comme c'est le cas pour un nombre croissant de mesures de contrôle du tabac, le Québec fait piètre figure comparativement à d'autres provinces et juridictions. Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, l'Alberta, le Yukon et de nombreuses municipalités (dont Ottawa, Vancouver, Thunder Bay, Saskatoon et Kingston) interdisent de fumer sur les terrasses des restaurants et des bars depuis déjà quelques années.
Par ailleurs, l'interdiction de fumer sur les terrasses des restaurants et des bars est appuyée par 63 % des Québécois, soit le même taux de popularité qu'avait la proposition d'interdire de fumer dans les bars et restaurants avant que la dernière réforme québécoise de la Loi sur le tabac ne soit adoptée en 2005.
Terrains de jeux pour enfants
En ce qui concerne les terrains de jeux pour enfants, surtout en zone urbaine, ceux-ci sont fréquemment de taille restreinte et souvent cloisonnés sur deux ou trois côtés par des immeubles de plusieurs étages, nuisant à la dissipation rapide de la fumée. Au-delà de la seule exposition à la fumée secondaire, le fait d'exposer les enfants à la reproduction de la « norme tabagique » par des modèles adultes dans des endroits récréatifs qui sont destinés au développement, à la socialisation, au jeu et à l'activité physique des très jeunes enfants est certainement problématique et tout à fait incohérent avec les efforts de prévention.
Plus d'une trentaine de juridictions canadiennes interdisent déjà de fumer sur les terrains de jeu pour enfants, dont quelques villes québécoises (L'Ancienne-Lorette, Rosemère et Côte-St-Luc) en plus de grandes villes comme Ottawa, Vancouver et Richmond (C.-B.), Saint-Jean (T.N.-L.), Cornwall et Toronto (Ontario). Un sondage Léger Marketing à ce sujet, réalisé l'année passée, indique que 85 % des Québécois appuient cette interdiction, dont 68 % des fumeurs sondés.
Bénéfices pour les fumeurs
Il n'y d'ailleurs pas que pour les non-fumeurs et les jeunes que ces protections accrues sont bénéfiques : une récente étude ontarienne confirmait récemment que les fumeurs exposés à la fumée sur les terrasses avaient moins de chances de réussir leur tentative d'arrêt tabagique et de plus hauts risques de rechute que si aucune fumée ne s'y retrouvait.
Retard du Québec
Pendant ce temps au Québec, il n'y a pas eu de nouvelles mesures législatives antitabac depuis plus de neuf ans. Ici, il est toujours permis de fumer sur les terrasses, dans les terrains de jeux pour enfants et même dans les garderies en milieu familial en dehors des heures d'ouverture et, ce, malgré les connaissances de plus en plus avancées sur les risques de la fumée tertiaire qui persiste pendant plusieurs heures dans un lieu intérieur.
« On a souvent l'impression que lorsqu'on est à l'extérieur, il n'y a pas de risques associés à la fumée secondaire, surtout lorsqu'on ne voit pas la fumée. Or, les tests montrent clairement que la qualité de l'air peut être compromise par des fumeurs avoisinants. Étendre l'interdiction de fumer aux terrasses et patios publics ainsi qu'aux terrains de jeux protégerait davantage les enfants et les non-fumeurs contre un risque réel pour leur santé » ajoute Dre Bois.
« Nous tenons à féliciter le gouvernement de l'Ontario pour cette annonce et espérons que celle-ci inspirera le gouvernement du Québec à introduire des mesures similaires; il est décevant de voir que même lorsque plusieurs provinces ont adopté de nouvelles mesures de contrôle du tabac, le Québec n'a pas légiféré depuis neuf ans. Dans son annonce, la ministre ontarienne a d'ailleurs mentionné que l'Ontario avait comme but d'avoir le taux de tabagisme le plus bas du Canada et continuerait à instaurer des mesures pour ce faire. Il serait hautement pertinent d'avoir aussi un objectif clair de réduction au Québec, compte tenu de notre taux de tabagisme qui stagne, » conclut Dre Bois.
Fondée en 1996, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac représente quelque 470 organisations québécoises -- associations médicales, ordres professionnels, municipalités, hôpitaux, écoles, commissions scolaires, etc. -- qui appuient une série de mesures destinées à réduire le tabagisme et ses conséquences. Ses principaux objectifs incluent prévenir l'initiation au tabagisme, favoriser l'abandon, protéger les non-fumeurs contre la fumée secondaire et obtenir un cadre législatif qui reflète la nature néfaste et toxicomanogène du tabac.
Pour consulter la version complète du communiqué, incluant les références, cliquez ici :
http://www.cqct.qc.ca/Communiques_docs/2014/PRSS_14_11_07_Ontario_Interdiction_LieuxExterieurs.pdf
Voir notre document-synthèse sur la fumée de tabac secondaire pour de plus amples renseignements :
http://www.cqct.qc.ca/Documents_docs/DOCU_2014/DOCU_14_11_07_FumeeSecondaireExterieure.pdf
SOURCE : Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Entrevues : Dre Geneviève Bois, porte-parole CQCT, 514-598-5533; 514-602-2508 (cell.).
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