NOUVELLE ÉTUDE DE L'INSTITUT DU QUÉBEC - L'EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE, UN PASSAGE OBLIGÉ POUR DÉCARBONER LE QUÉBEC
MONTRÉAL, le 24 oct. 2024 /CNW/ - Contrairement à ce qu'on pourrait penser en suivant les débats actuels sur les préoccupations énergétiques, ce ne sont pas tant les entreprises qui viendront s'établir au Québec pour verdir leurs activités qui seront les plus énergivores à l'horizon 2050, mais plutôt la décarbonation de la province qui exigera trois fois plus d'électricité que la croissance économique. « Non seulement électrifier le mode de vie des Québécois exercera d'importantes pressions sur le réseau électrique mais ces pressions proviendront surtout de l'électrification des bâtiments », déclare Emna Braham, présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ) qui publie une étude sur le sujet aujourd'hui.
Plus spécifiquement, les chercheurs de l'IDQ ont estimé l'impact des ambitions environnementales du Québec sur la demande d'électricité à l'horizon 2050 à l'aide d'un simulateur développé par la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal.
Une pression importante sur les besoins en puissance
« Nos simulations indiquent qu'atteindre les objectifs du Québec en matière d'électrification des transports exercerait peu de pression sur les besoins en puissance électrique (+6 % en 2050), mais diminuerait de manière importante les gaz à effet de serre (-22 % en 2050), explique Anthony Migneault, économiste principal et auteur de l'étude. En contrepartie, électrifier le chauffage des bâtiments ferait considérablement croître la demande en puissance électrique en périodes de pointes hivernales (+32 % en 2050), mais réduirait modestement les gaz à effet de serre (-9 % en 2050). »
« Notre analyse montre que l'électrification des bâtiments résidentiels et commerciaux s'avère un passage obligé pour décarboner le Québec, précise Emna Braham. Près de la moitié (45 %) de l'énergie consommée pour leur chauffage provient encore de sources fossiles. Électrifier les bâtiments sans d'abord améliorer leur efficacité énergétique exacerberait donc inévitablement les besoins en électricité. Voilà pourquoi il nous faudra produire plus d'énergie, mais surtout réaliser des gains sans précédent en matière d'efficacité énergétique pour remporter le pari de la décarbonation. »
D'importantes ambitions en efficacité
Au chapitre de l'efficacité énergétique, Hydro-Québec vise à dégager 21 TWh d'économies d'énergie d'ici 2035, soit 1,6 TWh/an. « C'est un objectif ambitieux car non seulement il dépasse les cibles précédentes (0,5 à 1,0 TWh/an), mais aussi les résultats obtenus en efficacité énergétique au cours des dernières années (0,7 TWh/an) », souligne Anthony Migneault.
Pour mieux comprendre le contexte, l'IDQ a effectué une analyse comparée des pratiques québécoises et internationales en matière d'efficacité énergétique. Cet exercice a permis d'identifier deux principales barrières à leur performance : il est particulièrement difficile de promouvoir l'adoption de comportements écoénergétiques lorsque l'électricité consommée est peu chère mais aussi lorsque les objectifs des donneurs d'ordres entrent en contradiction avec ceux de l'efficacité énergétique.
Par exemple, de bas tarifs d'électricité freinent l'adoption de technologies et de comportements écoénergétiques en en réduisant les bénéfices financiers. L'ambition de faire de l'électricité un moteur de développement économique au Québec semble aussi contrecarrer les efforts de sensibilisation déployés pour convaincre la population que l'électricité est une ressource précieuse qu'il faut économiser.
La transition vers un Québec décarboné nécessitera des investissements importants mais également des changements dans les lois et règlements dont il faudra reconnaître ouvertement les coûts pour la population. Il semble donc crucial de préparer les citoyens et de les impliquer dans cette démarche, en leur expliquant clairement les enjeux et les bénéfices à long terme.
Pistes de réflexion
- Il faut rapidement initier une réflexion sur la tarification résidentielle de l'électricité : les bas tarifs actuels freinent l'investissement en technologies écoénergétiques des ménages. Bien que le gouvernement ait plafonné les hausses tarifaires à 3 % jusqu'en 2026, il nous apparaît crucial d'amorcer dès maintenant un dialogue sur ce sujet pour le moins sensible au Québec.
- Le Québec doit tirer profit de ses nouveaux leviers pour accroître l'efficacité énergétique : de nouvelles lois donnent au gouvernement le pouvoir d'accélérer ses actions en matière d'efficacité énergétique. D'où l'importance d'accompagner promptement ces nouveaux pouvoirs d'actions concrètes.
- Concilier les enjeux environnementaux, économiques et énergétiques : les efforts d'efficacité énergétique doivent venir au premier plan des orientations stratégiques du gouvernement parce qu'ils apparaissent indispensables pour lui permettre d'atteindre simultanément ses ambitions économiques et environnementales.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Efficacité énergétique : incontournable pour décarboner le Québec - Simulations des besoins énergétiques pour électrifier les bâtiments et les transports
À propos de l'Institut du Québec
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. www.institutduquebec.ca | @InstitutduQC
SOURCE Institut du Québec
Source: Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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