Quel avenir pour la police municipale au Québec?
MONTRÉAL, le 18 août 2012 /CNW Telbec/ - La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) et la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) ont interpellé les partis politiques sur la question de la sécurité publique lors d'une conférence de presse tenue aujourd'hui. L'organisation des services policiers connaît des problèmes qui n'ont pas été résolus par les gouvernements du Québec depuis plus de dix ans. Les deux associations ont demandé à ceux qui luttent pour former le prochain gouvernement du Québec de prendre clairement position sur des enjeux importants pour l'avenir des services policiers indispensables aux citoyens du Québec.
« La sécurité publique, ce n'est pas seulement une question d'enquête sur la corruption ou de mesures pour l'enrayer » affirme le président de la FPMM, M. Yves Francoeur. « Le type de services policiers et le développement des services de proximité préoccupent grandement les citoyens » ajoute le président de la FPMQ, M. Denis Côté.
Iniquité fiscale
Les citoyens des villes du Québec desservies par un service de police municipal comme à Montréal, Québec, Gatineau ou Sherbrooke paient deux fois les services de police. Ils paient une fois leur service de police municipal via leur compte de taxes municipales et ils paient une autre fois via leur impôt sur le revenu pour les services policiers offerts dans les villes desservies par la Sureté du Québec. « Cette situation dure depuis plus de 10 ans et fait perdre des millions aux contribuables montréalais, qui subventionnent par leurs impôts la police dans les villes desservies par la SQ, alors qu'il y des besoins énormes à Montréal, avec le quart de la population et le tiers de la criminalité sur l'île. C'est absurde » soutient M.Yves Francoeur. « Ce système doit rapidement être revu en profondeur» ajoute M.Denis Côté.
Rappelons que le système actuel de répartition des sommes du Fonds des services policiers exclut les villes desservies par un service de police municipal, dont la plupart sont de plus de 100 000 habitants et ne reçoivent aucun financement du gouvernement du Québec. « C'est pourtant dans les grandes villes que les crimes sont généralement commis, c'est dans les grandes villes que les manifestations ont lieu, c'est dans les grandes villes que les gangs de rue sévissent » précise le président la Fraternité, Yves Francoeur.
Expansion de la Sûreté du Québec
Les deux présidents de syndicats appellent également à revoir le programme de subvention mis en place par le gouvernement du Québec qui incite les municipalités à se départir de leur corps de police municipal pour se tourner vers une desserte de la SQ. Ce programme de subvention couvre les frais des services policiers pouvant atteindre 50 % de la facture et n'est pas équitable envers les citoyens des municipalités desservies par des corps de police municipaux, qui n'y ont pas droit.
Démocratie
L'iniquité fiscale et le programme de subvention des services de la SQ ont aussi d'autres conséquences importantes qui ne sont pas d'ordre monétaire. Le programme de subvention permet une croissance des effectifs de la SQ et une expansion de son territoire d'action alors que les services de proximité offerts par les corps de police municipaux sont en décroissance.
« Avec les subventions, payées par d'autres, le gouvernement jette de la poudre aux yeux des maires en faisant miroiter des économies sur cinq ou dix ans. Mais ce changement de type de service de police est à sens unique : il est interdit de revenir à une police municipale si les citoyens ne sont pas satisfaits. De plus, la loi n'oblige pas les maires des municipalités à consulter leurs citoyens par référendum sur une question aussi fondamentale que le type de police dans une ville » déclare le président de la FPMQ, M. Denis Côté.
Au cours de la dernière année, le gouvernement a autorisé le transfert vers la SQ des services policiers de Rivière-du-Loup, Sainte-Adèle et Saint-Georges. Dans ces trois cas de transfert, aucun n'avait été demandé par la population. « Les citoyens de ces trois villes se sont opposés massivement et clairement contre le transfert à la SQ. Le gouvernement a autorisé les transferts contre le souhait de la population. Aucun transfert n'a fait l'objet d'un référendum », soutient M. Côté. « Depuis dix ans, c'est 100 corps de police municipaux qui sont disparus au profit de la SQ et c'est 1000 policiers municipaux de moins » ajoute-t-il.
« Nous demandons aussi que soit redonné le droit aux citoyens actuellement sous desserte de la SQ de se doter d'un service de police municipal s'ils le désirent, et de soumettre tous les projets de changement de desserte à un référendum ». Si rien n'est fait rapidement par le prochain gouvernement et le prochain ministre de la Sécurité publique, le Québec assistera à une concentration des forces policières à la Sûreté du Québec. « La menace constante sur l'avenir des corps de police municipaux doit cesser. Si rien ne change, les services policiers de proximité seront un mythe pour la majorité des villes au Québec» conclut Denis Côté.
« Nous demandons aux représentants des différents partis politiques d'affirmer qu'ils n'ont pas de plan caché pour mettre en place une «police unique nationale» et nous voulons les entendre sur leur plan pour maintenir la police municipale et ses services de proximité » déclare M. Côté.
« Il y a assez d'ex-policiers candidats aux présentes élections pour avoir un point de vue approfondi sur la question de la part de tous les partis » conclut-il.
SOURCE : FRATERNITE DES POLICIERS ET POLICIERES DE MONTREAL
Martin Desrochers
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